"O dever de Memória" em O livro das ossadas de Boubacar Boris Diop

Abstract

Ce travail se propose d’analyser les relations entre Histoire, Mémoire et Littérature à partir du roman Murambi, le Livre des Ossements, de Boubacar Boris Diop, une œuvre qui a vu le jour dans le cadre du projet Écrire par devoir de mémoire, qui visait à raconter, par le biais de la fiction, le génocide rwandais de 1994. La recherche part du constat que l’Histoire officielle a systématiquement marginalisé les véritables victimes des grandes tragédies, tout en exonérant ou en protégeant les mécanismes politiques qui les ont provoquées, ce qui a rendu nécessaire une reconfiguration critique de ses méthodes et de ses récits. La Mémoire, quant à elle, bien qu’ancrée dans le vécu des individus, porte les marques de la subjectivité, étant traversée par des versions diverses, des silences et des affects. Face à cet antagonisme évident, la Littérature émerge comme un champ de connaissance situé entre l’Histoire et la Mémoire, répondant, à plusieurs niveaux, à la nécessité de représenter et d’enregistrer ces expériences. La traduction de récits traumatiques, chargés de vérités subjectives, et la relecture de l’historiographie factuelle et sceptique sont des caractéristiques de la littérature testimoniale, qui partage des histoires réelles en faveur de la préservation de la mémoire — une forme de résistance contre le récit hégémonique et l’oubli systématique des peuples assujettis. En nous appuyant sur une approche interdisciplinaire, fondée sur des auteurs tels que Márcio Seligmann-Silva (2003), qui discute le concept de littérature de témoignage à partir de la Shoah, notre étude cherche à comprendre comment l’écriture de Diop met en tension les frontières entre fiction et réalité, révélant ainsi la puissance du récit littéraire. Il s’agit ainsi de réfléchir à la manière dont les domaines de l’Histoire, de la Mémoire et de la Littérature sont mobilisés dans la construction du roman, et comment cette articulation révèle un engagement éthique face au traumatisme. Ce travail entend ainsi souligner la pertinence des politiques de mémoire et de la littérature comme espaces d’élaboration symbolique, de dénonciation et de réinscription d’identités historiquement effacées.